Des Petits soldats en mission
Mon travail me permet de côtoyer des travailleurs étrangers qui, pour la plupart, viennent du Guatemala. Ils ont tous la même mission. Ils sont venus au Québec pour travailler. Leur travail n’est souvent pas facile, mais ils se sentent privilégiés d’avoir l’opportunité d’être ici et d’avoir un meilleur salaire pour pouvoir aider leur famille.
Je les regarde alors qu’ils viennent d’arriver au pays et ça me rappelle mes premières semaines ici; ils regardent partout, ils ont l’air un peu perdus, un peu gênés, et semblent se dirent : mais qu’est-ce que je fais ici? Cette vie ne ressemble en rien à celle qu’ils connaissaient jusqu’à maintenant.
Ils sont très jeunes, toujours souriants, et très travaillants. Ils ont tous une histoire à raconter. Souvent c’est une histoire triste. Plusieurs d’entre eux sont des enfants abandonnés qui n’ont jamais connus leur père, la majorité ont grandi dans la pauvreté, sont peu scolarisés. Ils ont connu la violence, la corruption, l’insécurité et l’injustice. La plupart d’entre eux ont des enfants, et même que plusieurs ont dû laisser leur femme enceinte seule, dans leur pays, pour venir vivre ici. Ils verront leur nouveau-né seulement lorsqu’ils auront terminé leur contrat de travail, quand retourneront à la maison.
Ils font un travail que tu ne ferais probablement pas, mais ils le font très bien. Ils sont loin de leur patrie, ils se sentent déracinés, mais c’est la chance de leur vie et ils sont reconnaissants de leur milieu d’accueil pour cette belle opportunité qui leur est donnée! C’est un choix, mais pour la majorité de ces travailleurs, c’est un choix facile à faire. Quand l’objectif c’est de gagner un peu d’argent pour aider la famille, la question ne se pose pas. C’est un grand Oui, sans hésitation!
Ils me parlent parfois de leurs réussites. Ils se sentent fiers d’avoir pu construire leur maison et d’avoir réussi à acheter un petit terrain chez eux pour cultiver la terre. Parfois ils me dissent : “Je suis content Yurdey parce que cette semaine j’ai envoyé de l’argent a ma femme. Je travaille fort parce que je voudrais que mes enfants aillent a l’école. Avant de venir ici c’était difficile trouver un travail pour subvenir à nos besoins”.
En même temps c’est toff pour eux par moment. S’adapter au froid, la barrière de la langue, la difficulté à comprendre comme ça marche la vie ici, la peur d’être malade ou pire, de mourir loin de la famille.
Bref, j’ai envie de te proposer quelque chose : quand tu croiseras le petit Guatémaltèque au coin de la rue, rappelle-toi qu’il contribue beaucoup à notre société, qu’il se sent heureux d’être ici et d’avoir un salaire décent, pis qu’en même temps, il doit faire de gros sacrifices pour avoir accès à cette opportunité, donc, envoie lui la main et fait lui un grand sourire! Merci mon ami!